Je suis un homme brisé

(Article publié par moi sur Facebook le 25 Juin 2019)

Mon premier roman, publié le 06 Novembre 2017, parle du viol et tous mes autres écrits traitent d’une certaine façon de la sexualité

Depuis un certain temps, je prends énormément position pour les droits des femmes et contre les violences faites à celles-ci

Je prends de plus en plus conscience de moi-même et de ma place dans ce monde

Cependant je souffre intérieurement d’un mal tellement profond que j’ai parfois l’habitude de croire que c’est le fruit de mon imagination

J’ai décidé de me laisser aller et d’extérioriser ma douleur, peut-être qu’elle deviendra plus réelle et moins pesante

L’année dernière, j’ai revu une amie avec qui j’ai fait la 6ème et la 5ème, nous avons discuté de plein de choses et surtout de nos souvenirs d’école

Elle m’a raconté comment un jour, j’ai soulevé sa jupe au milieu de la cours devant tous les autres gens de la classe, elle m’a dit à quel point elle s’est sentie humilié ce jour-là et je n’ai pas trouvé les mots pour lui demander de m’excuser

Voilà le genre de personnes que j’étais ou que je suis, je ne sais pas

Je me donnais le droit de toucher les filles à l’école comme bon me semblait, il n’y a pas une seule belle fille avec qui j’ai été à l’école que je n’ai pas touché même sans qu’elle s’en rende compte

Pour pousser le vice plus loin, lorsque j’étais en 5ème, une collègue de classe avait pour habitude de venir regarder la série Marina chez moi, un jour je lui ai tendu un guet-apens

Après avoir regardé la série, je l’ai invité dans ma chambre, elle a refusé, j’ai quand-même pu la convaincre de me suivre mais une fois devant la porte elle refusa d’entrée alors je l’ai embrassé et poser sur le sol du couloir et j’ai tenté de la déshabiller, elle me repoussa de toutes ses forces et réussi à quitter la maison

Le lendemain à l’école, j’avais honte et peur que les autres l’apprennent mais elle ne dit absolument rien

J’en ai moi-même parlé à des amis et ils se sont moqués de moi, ils me dirent que je n’étais pas un homme, que c’était anormal que je laisse une fille arrivée jusqu’à la porte de ma chambre sans qu’il ne se passe quelque chose

Au fond de moi, j’avais honte de mon comportement, j’avais honte de ne pas être un vrai homme et j’ai eu plusieurs fois l’occasion de prouver que j’en étais pas un

De nombreuses fois, je me suis retrouvé nez à nez entre quatre murs avec une femme et je n’ai pas couché avec elle. Ce n’est pas un exploit, mais le fait est qu’à chaque fois l’on me disait ne pas être un homme, un vrai, avant ça me faisait mal jusqu’à ce que je décide de considérer que c’était mal

J’ai eu beaucoup d’expériences sexuelles, j’ai connu très tôt ce qu’est et comment se passe un rapport sexuel

Officiellement, j’ai perdu ma virginité à 11 ans, mais officieusement ça s’est passé beaucoup plus tôt, très tôt, trop tôt

Et j’en étais fier, j’étais fier lorsqu’au collège on parlait de sexe et moi j’étais le seul à ne pas être puceau, c’était le pied

Mon premier rapport sexuel, si on peut appeler ça ainsi, je l’ai eu avant mon sixième anniversaire

Mes souvenirs sont flous concernant ce moment, tellement flou que parfois je me dis que c’est une histoire que j’ai inventé, le fruit de mon imagination débordante

J’étais à la maternelle, c’était à Pointe-Noire, je ne sais plus qui était la fille mais elle était beaucoup plus âgé que moi, certainement une adolescente déjà, et nous sommes de la même famille ou du moins c’est une amie à la famille, je pense, je ne sais plus

Je ne sais plus comment ou combien de fois mais cette fille m’avait dit que c’était un jeu, elle jouait avec mon zizi et moi avec sa zézétte

Ai-je eu mal ? Non. Étais-je consentent ? Je ne sais pas mais j’étais trop jeune pour savoir quoi que ce soit

J’en ai parlé à personne, j’ai préféré oublier et enterrer, c’est seulement en grandissant, en reparlant de sexe avec les autres que j’ai compris que j’avais déjà pratiqué la chose et cela me revenait peu à peu en mémoire

Suis-je une victime ? Suis-je un bourreau ? Devrais-je en parler ? Devrais-je me taire ?

Après lecture de ceci, vous ne me verrez certainement plus de la même façon, d’ailleurs après avoir écrit et publié ceci, je ne me vois plus de la même façon

J’écris ces choses personnelles, privées, tout en sachant que je suis ami sur Facebook avec des membres de ma famille ainsi que des ami.e.s qui n’ont jamais entendu ces histoires surtout mon père et ma mère

Néanmoins j’écris et publie ces choses parce que j’avais besoin de parler, ensuite parce que les crimes sexuels sont dévastateurs mais sont terriblement banaliser

Le tabou derrière le sexe ne rend service à personne à part aux Prédateurs et Prédatrices Sexuel.le.s

Il faut que la parole se libère, il faut que l’on sensibilise sur la sexualité et ses abus

Il faut que l’on cesse de stigmatiser les victimes, de les bâillonner, il faut que l’on cesse de protéger les coupables

Il faut que disparaisse la masculinité toxique, cette masculinité qui vise à entretenir et encourager les vices de l’homme, surtout à priver ce dernier de son humanité

L’homme ne pleure pas, l’homme est fort, l’homme est fier, l’homme est puissant, l’homme est protecteur, l’homme l’homme l’homme

Et pendant ce temps l’homme est violé mais ne peut rien dire, l’homme est battu mais ne peut rien dire, l’homme est dépressif mais ne peut rien dire, l’homme est à genou, écroué mais ne peut rien dire

En pensant faire preuve de puissances, l’homme brutalise et viole, la configuration des choses le lui permet, il est autorisé à agir ainsi

Des vies sont détruites, la mienne aurait pu l’être, ce poison qui est en moi et contre lequel je n’ai jamais vraiment lutté aurait pu faire de moi un monstrueux personnage

Je tente tant bien que mal de me sortir la tête de l’eau et participer à la création d’une société où cette ignominie ne me serait jamais arrivé, une société où je ne m’en sentirai pas à l’aise de soulever les jupes des filles ou d’essayer contre leur gré de coucher avec elles

Je vais terminer mon propos par un mea-culpa

JE M’EXCUSE PROFONDÉMENT AUPRÈS DE TOUTES LES PERSONNES QUE J’AI BLESSÉ PAR MON COMPORTEMENT, RIEN N’EXCUSE, RIEN NE JUSTIFIE, RIEN NE M’AUTORISAIT À AGIR DE LA SORTE, J’EN SUIS ENCORE UNE FOIS DÉSOLÉ

LES MOTS NE SERONT JAMAIS SUFFISANT POUR EXPRIMER TOUTE MA PEINE, JE NE PENSE PAS MÉRITER LE PARDON OU LA PITIÉ.

JE DÉDIE MA VIE À LA RÉPARATION DE MES TORTS

PLUS JAMAIS ÇA !

8 commentaires sur « Je suis un homme brisé »

    1. Ecoute bro, viens à Jésus tel que tu es en ce moment ! Lui seul est capable de restaurer une vie brisé par satan. Non seulement il veut te restaurer mais il veut aussi te restituer les années que les sauterelles(le diable et ses agents) ont dévoré. Sois bénis frangin

      Aimé par 1 personne

  1. Tu as été très courageux de parler ainsi des choses les plus ignobles du plus profond de ton cœur. Et si tu es chrétien tu sais que c’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Je souhaite vraiment qu’il n’y ait plus aucune trace de mal en toi. Et sache que ta cause pour les femmes est bonne et qu’avec Dieu dans ton affaire… Tu feras des exploits.

    J’aime

  2. Wahou c’est courageux de ta part ce courage c’est déjà réconfortant pour les visés ..vraiment il faut bcp prier ..je pense aussi que ton initiative sur la violence faites au femme c’est fabuleux tt simple parce que tu es et sera bien placé pour défendre ..

    J’aime

Laisser un commentaire